Sécurité

La citadelle du crime

L’évolution du botnet Citadel est suivie depuis plusieurs mois par différents chercheurs. Il montre une tendance intéressante (si l’on peut dire) dans la pratique des groupes criminels numériques: une véritable gestion de la clientèle et l’utilisation des modèles modernes de développement d’applications en source ouverte. Cet exemple montre des développements importants dans le domaine du CaaS – crime as a service, ou le crime vendu comme un service.

Historique

En mai 2011, le code source du malware Zeus est révélé. Dans la foulée, des variantes sont développées dont IceIX et aujourd’hui Citadel.

Panneau de commande du botnet Citadel v.1.2.4 (source: Seculert)

Les services offerts par la citadelle

Une fois la licence de Citadel acquise (le prix public serait de $2.399 plus un abonnement de $125 mensuels), le ‘client’ est invité à rejoindre la communauté en ligne des acheteurs de Citadel: le « Citadel Store » (voir l’article de Brian Krebs). Ils ont ainsi accès :

  • à la possibilité de voter pour de nouvelles fonctionnalités et en discuter le détail ;
  • la progression des développements (dates de sortie des nouveaux modules) ;
  • au signalement des bugs au travers d’un classique système de gestion de tickets ;
  • à une documentation complète pour l’utilisateur, des notes de version et un document de licence (sic !).

Vous pouvez lire sur le Wiki Botnets une traduction en anglais (par @sherb1n) d’un message publicitaire du groupe qui anime Citadel sur un forum destiné à des acheteurs potentiels.

Très clairement, il s’agit de fidéliser la clientèle et donc de développer ses revenus (ils demandent même des avances aux clients qui souhaitent voir un développement particulier arriver plus rapidement), mais aussi de profiter des informations que les clients obtiennent pour améliorer le produit et le rendre plus efficace. Ils vont ainsi beaucoup plus loin que les contacts via ICQ ou Jabber classiquement utilisés par les développeurs de logiciels malveillants (voir l’article de Brian Krebs).

Le groupe qui se cache derrière le Citadel Store se comporte comme n’importe quelle entreprise. Ainsi, ils ont des horaires de bureau (de 10h00 à 00h30 tout de même, donc très geeks) et se reposent le week-end. Au mois de mars 2011, Seculert rapportait déjà (voir leur blog) l’importance des services de type commercial développé par les criminels dans le domaine des plateformes d’exploits (il s’agit de plateformes telles Blackhole ou Incognito qui regroupent en un seul outil intégré un ensemble d’outils permettant de contaminer une grande variété de machines victimes visitant par exemple un site Web).

J’avais déjà eu l’occasion de souligner le développement des groupes criminels comme de véritables entreprises:

Les fonctionnalités offertes par Citadel

Selon Seculert (voir sur leur blog), une nouvelle version de Citadel est publiée chaque semaine, soit un rythme beaucoup plus soutenu que ce qu’on a pu remarquer pour Zeus ou SpyEye.

A ce jour, le botnet Citadel offrirait les fonctionnalités suivantes (voir notamment l’article de Seculert):

  • toutes les fonctionnalités connues de Zeus, mais avec des améliorations comme la collecte d’identifiants de connexion sur le navigateur Chrome de Google ;
  • chiffrement RC4 et AES pour les communications ;
  • contre-mesures pour les plateformes de suivi des serveurs de commande des botnets (tel Zeus Tracker), grâce à l’utilisation de clés qui seules permettent de télécharger des mises à jour ou des fichiers de configuration ;
  • blocage de l’accès par les machines infectées aux serveurs de mise à jour des anti-virus ;
  • enregistrement de vidéos (au format MKV) de l’activité de l’utilisateur visitant un site Web particulier ou utilisant une application (il s’agit d’une option du botnet) ;
  • la mise à jour via le protocole Jabber de l’ensemble des bots pour éviter la détection par les antivirus (cette option serait facturée $395 et chaque mise à jour $15) ;
  • plus classique, il est possible d’empêcher le bot de fonctionner sur les machines dont le clavier est configuré pour le russe ou l’ukrainien.

Interface de création du bot - logiciel malveillant (Source: Brian Krebs)

Pour prolonger…

Cet article est l’occasion d’attirer l’attention sur un projet lancé voici quelques semaines: https://www.botnets.fr/ un Wiki sur les botnets que j’anime dans le cadre de la thèse que j’ai commencée sur le sujet de la lutte contre les botnets. Si vous voulez participer à ce Wiki n’hésitez pas à nous rejoindre sur IRC chat.freenode.net .fr et à vous inscrire sur le Wiki.

Le virus « Gendarmerie » – Bilan de la semaine

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Site d’information http://stopransomware.fr/

Mise à jour du 15 janvier 2012: Attention, ce virus se propage toujours, par exemple avec des variantes réclamant 100 euros et utilisant ce genre de pages d’avertissement, comme le signale le forum Malekal (voir ici):

Drôle de semaine pour pas mal d’usagers de l’Internet et pour la communauté NTECH de la gendarmerie. En effet, dès samedi 10 décembre nous avons commencé à recevoir des sollicitations au sujet de tentatives d’escroquerie utilisant l’image de la gendarmerie. La spécificité de cette campagne par rapport aux escroqueries par courrier électronique dont nous sommes familiers, c’est qu’elles exploitaient un virus informatique.

Le processus vécu par les victimes est le suivant: en visitant un site à fort trafic (notamment des sites diffusant des vidéos en streaming), une publicité affichée sur le site déclenche l’exécution d’un programme qui exploite une vulnérabilité présente sur leur ordinateur (notamment dans des versions de Java sous Windows XP et Windows Vista). Celle-ci installe ensuite le cheval de Troie (souvent après des messages d’avertissement mal interprétés par les victimes) qui vient bloquer l’ordinateur et affiche un message réclamant le paiement d’une amende.

Les escroqueries sur Internet adoptent de nombreux ressorts pour parvenir à leurs fins. Celle-ci en cumule plusieurs qu’il est intéressant de décomposer:

  • l’utilisation de l’image d’une institution ou d’une entreprise;
  • la faute que l’on peut réparer;
  • l’obstruction.

Utilisation de l’image d’une institution

Les campagnes de phishing, les escroqueries à la lotterie et beaucoup d’autres formes de scams utilisent l’image d’une institution. Récemment ont été évoquées les campagnes de phishing liées aux impôts, mais ce sont aussi les plus grandes marques – et en particulier les établissements bancaires et les sociétés de l’Internet – qui voient leur image utilisée. Très souvent c’est uniquement le logo et la marque, mais parfois cela va plus loin et c’est toute la mise en page classique d’un document ou d’un site Web qui sont utilisés pour tromper la victime.

Dans le cas présent, c’est le logo de la gendarmerie qui est exploité, associé à celui de la République française. Ils sont naturellement associés au respect de la loi:

Le symbole de la République utilisé est une de ses représentations historiques: le faisceau de licteur, mais dans la version que l’on retrouve sur Wikipédia. Il est aujourd’hui utilisé par la Présidence de la République et on le retrouve par exemple sur nos passeports.

C’est donc très clairement le public français qui est visé. D’ailleurs, la version du virus qui est diffusée en France est effectivement liée à l’implantation géographique de la victime. En effet, comme ont pu le noter certains analystes (voir article sur Malekal), le mode de diffusion de ce virus utilise la possibilité pour des bannières publicitaires de s’adapter au pays d’où provient la connexion (c’est une fonctionnalité offerte par les sociétés qui offrent ce type de services). Derrière ce sont de véritables kits qui sont exploités (comme Blackhole) et donc vont permettre de déclencher des vulnérabilités en fonction de la configuration de la machine visée.

Dans les cas précédents qui ont été rapportés récemment, ce sont d’autres services de police qui ont été utilisés, en particulier la police allemande, mais aussi suisse, espagnole, hollandaise ou argentine.

La faute que l’on peut réparer

Le message d’alerte affiche ensuite une liste de fautes que l’on aurait commises: pédopornographie et atteintes aux droits d’auteurs. Ce mécanisme fait appel à l’inconscient collectif fortement marqué par ces sujets. Ainsi, une personne qui va sur des sites pornographiques en se cachant de son entourage pourra penser qu’il a pu visiter des sites illégaux sans y faire attention. Une autre qui télécharge des séries ou des films, sans toujours vérifier si leur origine est légale se sentira concernée. La victime est alors placée dans l’incertitude (qu’est-ce qu’on me reproche exactement ?), dans le qu’en dira-t-on (qu’est-ce que vont en penser ma femme, mes collègues ?) et dans la crainte d’une action policière (je n’ai jamais rencontré les gendarmes… est-ce qu’ils vont être durs avec moi ?).

Mais tout de suite, est offerte la possibilité de s’en sortir, par le paiement d’une amende. Le montant a l’air suffisamment sérieux (100 ou 200€ dans les cas rapportés), même si la méthode de paiement paraît un peu moins officielle (tickets et cartes prépayés).

Dans les autres formes de rançons réclamées par des escrocs, souvent le ressort de la sexualité est utilisé (et les interdits qui y sont associés), et l’accusation très forte et exagérée pour faire peur (« la femme avec qui tu discutais était ma petite sœur mineure… »). Il s’agit ici d’isoler les victimes, de les placer dans un angle dont elles ne pensent pas pouvoir se sortir, où elles auront même peur d’appeler à l’aide. L’escroc est devenu le seul ami de la victime, celui qui peut l’aider.

L’obstruction

C’est la même logique et d’autres ressorts qui sont utilisés dans les virus de rançonnement et exploités ici de façon complémentaire. L’ordinateur ne fonctionne plus et on en a besoin (ou bien on a peur d’expliquer à son propriétaire qui nous l’a prêté qu’on a fait une bêtise). Un obstacle de plus donc entre la victime et la solution de son problème. Dans certaines formes simplifiées de ces virus, c’est un simple blocage de l’ordinateur (fenêtre d’avertissement empêchant l’utilisation et parfois chiffrement des données rendant l’ordinateur inutilisable) ou du téléphone qui est réalisé:

Voir l'article d'origine ici

Bilan de la semaine

Dès le week-end dernier, la communauté des enquêteurs NTECH s’est mobilisée pour échanger de l’information sur ces affaires, d’abord pour avertir les collègues de ces cas, puis donner les bons conseils aux enquêteurs et aux victimes. Des fiches d’information ont par exemple été diffusées par les NTECH dans chaque département. Des échanges ont aussi lieu avec la police nationale, localement et nationalement (avec l’OCLCTIC et la plateforme de signalement Pharos, avec la BEFTI à Paris), qui reçoivent aussi de nombreuses sollicitations.

Pour faciliter la coordination, la permanence de la division de lutte contre la cybercriminalité, a ainsi reçu et traité plusieurs dizaines d’appels par jour sur ce dossier, recoupé et relayé les informations.

Le service de presse (SIRPA) de la gendarmerie a diffusé l’information auprès de l’AFP dès mardi (dépêche AFP reprise ici sur Tahiti infos) pour informer les médias et les pousser à reprendre les informations utiles diffusées sur un certain nombre de forums d’entraide.

L’information est reprise:

Plusieurs centaines de personnes ont dû voir leur machine contaminée au cours de la semaine en France par cette variante du logiciel malveillant. Tout le territoire français était concerné, d’où l’intérêt d’un dispositif dense d’enquêteurs formés ou sensibilisés à ces questions. Moins d’une dizaine de personnes ont effectivement payé la somme, des plaintes ont alors été prises et des enquêtes ouvertes.

Les conseils

D’abord de bon sens: la gendarmerie, la police ou les services publics en général, n’iront pas bloquer votre ordinateur et vous menacer de devoir payer une amende, encore moins pour des faits totalement vagues et par un moyen de paiement plutôt réservé à des applications ludiques. Donc, dans ces cas-là se renseigner sur Internet (comme l’ont fait de nombreuses victimes sur des forums d’échanges) ou appeler l’administration concernée et ne jamais payer de sommes d’argent dans un tel contexte.

Sur le plan technique ensuite: tenir à jour son système d’exploitation, les différents logiciels et ajouts (plugins) installés (Java, Flash, Adobe reader pour ne citer que quelques-uns), ainsi que les solutions de sécurité (tels les antivirus). Pour les personnes dont l’ordinateur a été contaminé, plusieurs guides d’aide à la désinfection existent (Melani– agence Suisse de sécurité informatique – signalé par @xylit0lMalekal).

Sur le plan judiciaire enfin. Evidemment, l’installation malveillante d’un virus sur un ordinateur constitue une atteinte à un système de traitement automatisé de données, puni notamment en France par les articles 323-1 et suivants du code pénal. Toutefois, il n’est pas forcément judicieux de porter plainte pour toutes les occurrences de tels faits, même si vous en avez parfaitement le droit. Nous sommes parfaitement au courant que chaque jour des centaines de personnes sont concernées en France et les enquêteurs de la communauté NTECH sont d’ailleurs mobilisés pour répondre à vos questions et vous assister, en particulier sur ce cas comme je vous l’expliquais plus haut.

Dans ce cas, le conseil que l’on peut donner, est de ne déposer formellement plainte que si vous avez malheureusement payé la rançon réclamée. Cela nous permettra d’envisager, avec l’accord des juridictions locales concernées (votre Procureur de la République), de remonter sur les moyens de paiement utilisés.

Autres images

Version OCLCTIC

Assises de la sécurité 2011 – quelques notes

Les Assises de la sécurité et des systèmes d’information se tenaient cette année encore à Monaco du 05 au 08 octobre 2011. Une belle réussite grâce aux organisateurs évidemment (DG Consultants), les sponsors et exposants et les très nombreux participants.

Le programme des ateliers, tables rondes et conférences étaient particulièrement denses, aussi ne peut-on assister à toutes évidemment. Les sujets qui ont le plus été discutés: le cloud computing, IPv6, BYOD (apporte ton propre équipement, une tendance qui semblerait se développer et qui pose des problèmes de sécurité) et un fort penchant pour le mot « cybercriminalité » dans le vocabulaire utilisé par les professionnels, en lieu et place des simples « risques » et « menaces ».

Quelques présentations auxquelles j’ai assisté:

– Sogeti présentait les travaux de Guillaume Delugré, un des chercheurs de l’ESEC, sur la possibilité d’attaques dans les architectures en nuage à cause du partage de la mémoire vive sur les serveurs eux-mêmes entre plusieurs machines virtuelles (ces résultats avaient été présentés à Hack.lu 2010) ;

– Orange faisait le point sur le déploiement d’IPv6 en pratique (Christian Jacquenet) et les solutions aux problèmes de sécurité que cela pose ;

– Nicolas Brulez (@nicolasbrulez) de Kaspersky a fait une présentation sur l’état de l’art des malwares bancaires ;

– Stonesoft propose à la communauté de partager sur les « Advanced evasion techniques » qui permettent à des attaques déjà connues et souvent détectées par les solutions de sécurité actuelles d’être camouflées ; ils ont décrit ces techniques dans une annonce faite par le CERT-FI et proposent une plateforme d’information sur ce sujet.

– Une table ronde était consacrée à la classification de l’information au sein de l’entreprise. Il s’agit avant tout de mettre en place des mesures adaptées à chaque classe d’information à protéger en prenant aussi bien en compte les impératifs légaux (données à caractère personnel, données médicales, etc.) que la nécessité de protéger le patrimoine informationnel de l’entreprise. Les témoins présents ont fait état d’un processus souvent difficile – en tous cas nécessitant une perpétuelle mise à jour, aboutissant en général à 4 ou 5 niveaux de protection. Ce travail devra nécessairement prendre en compte les évolutions récentes de la législation (notification obligatoire des incidents de sécurité concernant des traitements de données à caractère personnel) ou futures (comme le texte qui serait proposé prochainement sur la protection du secret des affaires).

Enfin, Myriam Quémener et moi-même présentions une table ronde sur les perquisitions en entreprise, avec le soutien du Clusif. Un document sera bientôt publié sur le site du Clusif pour résumer les principaux points de nos présentations.

Pour la clôture des Assises, Patrick Pailloux a présenté le nouveau logo de l’ANSSI dont il assure la direction et lancé un message fort vers la communauté de la sécurité informationnelle.

Enquête sur un phising par Twitter

Ce matin, je suis surpris par un message un peu incongru d’un de mes contacts sur Twitter:

Guidé uniquement par ma curiosité je décide de suivre le lien qui m’amène sur une page http://mspaworldwide.net/twitter/ qui ressemble en tous points à la page d’accueil de Twitter:

Un petit regard au code source finit de me convaincre qu’il s’agit bien d’un phishing:

et … si l’on remplit le petit formulaire de connexion on est finalement redirigé sans encombre sur la vraie page de twitter (qui, si on est déjà connectés, affiche de toutes façons la liste des publications de nos contacts). Rien de très « high-tech » donc.

Je suis déjà surpris que de nombreuses heures après le début de cette campagne de phishing mon navigateur n’affiche pas une alerte (testé sous Chrome, Firefox, Internet Explorer, à cette heure – 12:07 – seul ce dernier affiche une alerte). Au passage toujours, Twitter utilise http://t.co/ pour relayer ce lien (quand on clique dessus en réalité on passe par http://t.co/2acFQb3 avant d’être redirigé vers le lien original en tinyurl) qui est un domaine censé permettre à Twitter de lutter contre ce genre de problèmes:

Apparemment leur système n’a pas encore détecté le problèmeLes pages d’aide de Twitter nous indiquent qu’on peut signaler les abus de http://t.co/ en envoyant un message à tcoabuse@twitter.com, ce que je viens de faire évidemment.

Je ne sais pas si mon contact a laissé accès à son compte à une application mal intentionnée ou a succombé à la tentative de phishing elle-même… dans l’un et l’autre cas l’ensemble de ses contacts ont donc pu recevoir un message direct les invitant à visiter cette page. (15:27: La victime me confirme que c’est passé par le site de phishing lui-même, pas d’application en cause).

Si vous-même êtes tombés dans le panneau, pas trop d’inquiétude et suivez les indications du support de Twitter pour changer votre mot de passe. Je vous conseille de supprimer aussi les messages directs qui doivent apparaître dans votre compte à destination de vos amis (même si les courriers électroniques d’alerte sont sûrement déjà partis…).

Je ne suis pas le premier à parler de ça, bien évidemment (comme ici par exemple et @gcluley en parlait au début du mois de juillet dans un de ses articles, ou encore (17:18@5ct34m il y a quelques jours qui notait qu’on retrouvait la même IP derrière une URL différente).

Epilogue concernant le site de phishing lui-même (14:19): il est hébergé en Chine. En outre, l’adresse IP hébergeant le site Web de Phishing est 220.164.140.252, qui renvoie, à l’heure où j’écris ces lignes (17:25) à des noms de domaine aux noms intéressants comme iltwitter.com, itiwitter.com ou ltwitteri.com entre autres (voir l’image agrandie pour en apercevoir la liste):


Je pense que seul Twitter peut nous en dire plus sur quelles adresses IP se connectent sur les comptes des victimes. Les infractions que l’on pourrait viser pour cette affaire sont essentiellement celles de collecte déloyale de données à caractère personnel, accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données et peut-être le détournement de correspondances privées (les scammers envoient des messages, mais en théorie ils peuvent aussi consulter les autres messages).

Mise à jour (14:51): Chrome n’annonçant toujours pas la page comme du phishing, j’essaie de trouver la fonction qui permet de le signaler. Alors:

  • Ouvrir le menu en cliquant sur la petite clé à molette ;
  • Outils > Signaler un problème… et ensuite on suit le guide !
Sous Firefox, malgré les nombreuses indications quant à leur nouvelle version qui serait encore meilleure en matière de lutte contre le phishing, je n’ai pas trouvé où était la fonction pour signaler un phishing, ni sur leur site d’aide en ligne… Mais bon, comme ils utilisent « Google Safe Browsing« , je suppose qu’il suffit de le faire via Chrome ! Mais c’est dommage de ne pas avoir une fonction intégrée pour signaler un site.

Sous Internet Explorer, même principe que sous Chrome:

  • Affichage du menu 
  • Sécurité… Signaler un site Web d’hameçonnage.
18:12 Suite de l’enquête. Un peu agacé que le site de phishing soit toujours accessible, je me suis amusé à chercher un peu plus loin et j’ai découvert que sur le même serveur il y avait une autre forme de phishing qui se fait passer une application Twitter « StalkTrak », censée vous indiquer qui vous suit avec des intentions malhonnêtes sur Twitter:

Le fonctionnement est similaire et derrière l’URL http://mspaworldwide.net/app1/function.api.stalktrak.htm vous avez donc un formulaire qui vous invite à nouveau à rentrer votre identifiant et votre mot de passe Twitter, avec un aspect graphique qui ressemble à celui de Twitter.

Ceux qui se sont fait avoir se retrouvent apparemment à faire la publicité de l’application. Topsy nous donne une petite idée du trafic autour de ce site depuis quelques jours (cliquer sur l’image pour l’agrandir):

On note ainsi un pic le 29 juillet, avec un début de propagation le 27.

Stalktrak lui-même (ce qui semble confirmer ce que je rappelais un peu plus haut sur l’adresse IP du serveur suite à une indication de @5ct34m), tourne aussi au moins depuis le début du mois de juillet comme on peut le lire sur cet article de blog (avec une petite vidéo dedans) et où l’on retrouve un des noms de domaine évoqués précédemment.

05 août: Apparemment un nouveau domaine est apparu depuis hier qui délivre les mêmes contenus illégaux : 3xloanstoday.com. Évitez de vous y rendre et signalez le comme site de phishing.

Un chapitre collaboratif ?

Photo de Rahego

Un article un peu inhabituel et court pour lancer un appel à commentaires auprès de mes lecteurs sur leurs sujets de préoccupation du moment en matière de cybercriminalité.

J’ai commencé depuis quelques mois la rédaction d’un livre sur la cybercriminalité et la cybersécurité et l’idée ici est d’en consacrer une partie, soit dans les chapitres déjà prévus, soit dans un chapitre à part, aux questions, aux préoccupations du moment, de mes lecteurs.

A vos claviers ! Toutes les questions et tous les commentaires sont les bienvenus.

Lancement de trois sous-projets de la préfiguration du centre d’excellence français contre la cybercriminalité

Les 23 et 24 juin derniers, les équipes de trois sous-projets du volet français du projet européen 2CENTRE étaient réunis à l’Université de technologie de Troyes. Ce billet pour vous présenter le contenu de ces premiers ateliers.

Formation en ligne des premiers intervenants

L’ambition est ici de créer une formation attractive et accessible pour tous les enquêteurs qui sont confrontés de près ou de loin à des investigations simples sur Internet. Cette initiative a germé lors de travaux communs menés au sein du Ministère de l’intérieur – entre les services spécialisés de la police et de la gendarmerie nationales – au cours desquels nous avons identifié qu’il était complexe de compléter rapidement et efficacement la formation des plus de 100.000 personnels concernés. Il s’agit des policiers et des gendarmes, dans les brigades de gendarmerie et les commissariats notamment, et qui accueillent un public de plus en plus souvent victime d’infractions liées à Internet ou à l’outil numérique, mais aussi dans des services spécialisés lorsqu’ils sont moins souvent confrontés à des infractions spécialisées.

Il a donc été décidé de proposer un module de formation à distance, qui aura l’avantage d’être facile à déployer, à mettre à jour et éventuellement à partager avec d’autres administrations françaises ou étrangères chargées de ce type d’investigations.

Formation en ligne sur l’analyse de Windows 7

Il s’agit ici tout simplement d’offrir un outil de référence permettant aux enquêteurs spécialisés déjà formés (NTECH dans la gendarmerie et ICC dans la police) de mettre à jour leurs connaissances sur les spécificités de Windows 7. Jusqu’à présent nous diffusions ce type de formations complémentaires lors des réunions annuelles (mais tous ne peuvent y assister) ou par la diffusion de documentations.

Ici encore, le produit sera partagé avec nos partenaires européens.

Projet de recherches sur la détection d’intrusions distribuée

Ce dernier projet est un travail collectif qui sera mené sur 18 mois pour permettre le test de méthodes permettant la détection d’intrusions dans des grands réseaux grâce à des méthodes distribuées, avec le souci de rendre les implémentations compatibles avec les besoins de l’investigation numérique.

Ces premières descriptions de nos travaux vous montre, je l’espère, la variété des activités que nous souhaitons développer dans le cadre de cette préfiguration du centre d’excellence français contre la cybercriminalité et l’intérêt de faire travailler ensemble des acteurs provenant de différents univers (services d’enquête, monde académique, entreprises).

SSTIC – Jour 3 (mise à jour 15:45)

Suite de mes notes !

RRABIDS, un système de détection d’intrusion pour les applications Web Ruby on Rails

Romaric Ludinard, Loïc le Hennaf, Eric Totel, Supélec

Projet ANR DALI. Outil Daikon, détecteur d’invariants dynamique. Mais il faut réduire le nombre d’invariants en ne s’intéressant qu’à celles qui dépendent des entrées utilisateurs, grâce à la notion de taint checking (propagation d’une marque apposée). Ensuite, il faut « tisser » dans le code la détection associée à ces invariants. Le coût en nombre de lignes et donc en temps d’exécution est important.

Il leur reste encore à améliorer l’apprentissage (diminution du nombre de faux positifs). Démonstration sur l’application confiée par un client.

Usages offensifs de XSLT

Nicolas Grégoire, Agarri

XSLT réel langage de programmation W3C (permet de transformer automatiquement des structures de données XML en page HTML à partir d’un fichier de transformation). L’objectif des travaux de l’auteur est de découvrir des exploits autour de cette technologie. Ils ont été conduits sur plusieurs moteurs XSLT généralistes et spécifiques. Les risques identifiés sont essentiellement du côté des extensions propriétaires (LibXSLT, Xalan-J et Altova).

Exemples de vulnérabilités: sous libxslt (produits Apple, RIM, distributions Linux à cause du moteur de rendu Webkit et Chrome n’est pas vulnérable), il est possible d’écrire un fichier dans le système attaqué. PHP5 (toujours impacté aujourd’hui).

En résumé, beaucoup de boulot en vue pour les éditeurs d’applications XSLT.

Conférence invitée: Faille de sécurité ou défaut de sécurité

Eric Barbry, Cabinet Alain Bensoussan

Conséquences pénales d’une mauvaise sécurité (article 34 de la loi informatique et libertés). Eric souligne un intérêt croissant de la CNIL pour ces questions. Un guide de la CNIL est disponible ici. Sans oublier les autres obligations (226-22 du code pénal sur la divulgation de données personnelles, 226-13 sur la révélation de secrets).

La victime finale (celle dont les données ont été détournées) est elle victime du professionnel négligent ou de l’auteur de l’intrusion ? Mais pour une affaire comme celle de Sony, les conséquences sont innombrables dans de nombreux domaines (communication et image, remboursements, contrôles. enquêtes…).

Eric évoque ensuite le projet d’ordonnance qui doit implémenter les notifications obligatoires d’incidents de sécurité touchant les opérateurs et d’autres acteurs, mesure issue d’une des directives du Paquet télécoms (on en reparlera). PDF du projet d’ordonnance (voir l’article 38) qui est l’objet actuellement d’une consultation publique.

Typologie des attaques contre nos libertés online

Jérémie Zimmermann, La Quadature du Net

Neutralité du net. Vision d’un Internet comme bien commun. J. Z. définit les attaques comme toute limitation à la possibilité de publier ou d’accéder (aux services, aux contenus,…). Protection des gouvernements autoritaires, protection par les gouvernements des intérêts sectoriels, attaquants purement industriels. Le biais serait parfois législatif ou parfois en contournant les législations. Les vecteurs seraient multiples: inconscient collectif (peurs), complexité et opacité, contournement des chemins traditionnels. Il décrit ensuite des contre-mesures: observer, démontrer.

(Beaucoup d’attaques contre le blocage des sites pédopornographiques, cf. mes articles précédents sur le sujet).

Système de stockage en ligne de photos avec confidentialité des données personnelles

L. Montalvo, S. Defrance, F. Lefebvre, N. Le Scouarnec, P. Perez, Technicolor

La gestion des doublons permettrait d’optimiser le stockage. Confidentialité des données: si l’utilisateur chiffre les informations stockées, l’hébergeur ne pourra pas supprimer les doublons. Le principe du chiffrement convergent est discuté.

Se pose la question de chercher des images similaires, sans avoir accès au contenu chiffré. Les fonctions de hachage classique ne fonctionnent évidemment pas: plutôt fonctions de hachage visuel (empreinte plutôt que digest). Deux grandes classes d’algorithmes sont documents: globales ou locales (+ lentes et robustes contre quasi toutes les distorsions). Elles font un focus sur les points d’intérêt. Si statistiquement le nombre d’empreintes communes entre deux images est important, on dira que les images sont similaires.

Ces fonctions posent deux problèmes: performance et introduction d’une nouvelle faille (sur la confidentialité). Les fonctions les plus efficaces sont les fonctions SIFT classiquement documentées. Toutefois, il est démontré qu’à partir de nombreuses empreintes on peut reconstruire partiellement les images: l’invertibilité n’est pas garantie. On va donc combiner avec la fonction de hachage VLAD (vector of locally aggregated descriptors).

Un framework de fuzzing pour cartes à puces, application au protocole EMV

Julien Lancia (site web), CESTI-SERMA Technologies

EMV est la spécification des cartes bancaires à puce diffusées actuellement. Fuzzing: technique de tests en boîte noire, ici par blocs. Framework Sulley, étendu pour générer des données au modèle EMV, une interface pour les cartes à puce et des spécifications pour la détection d’incidents réussis.

Sulley est dédié au départ au fuzzing de protocoles réseau. Pour la transmission des données, la couche de communication a été remplacée par une API métier TRITON.

Sur 12 produits, 6 ont eu des résultats: anomalies sécuritaires (remise à zéro de compteur avant vérification online) et anomalies fonctionnelles.

Développements futurs: sortir de la spécification stricte, inclusion des spécifications Monéo ou fuzzing des couches basses. Ces techniques pourraient être intégrées en amont au niveau du développement.

Conférence invitée de clôture

Hervé Schauer, HSC

Revue de la philosophie sur le débat liberté-sécurité, repositionné sur la SSI. Constat rétrospectif d’inachèvement: la sécurité aurait peu progressé.

SSTIC – Jour 2 (mise à jour 18:00)

Mes notes de la deuxième journée (ce ne sont que des notes et je prie d’avance les lecteurs de m’excuser si elles ne sont pas claires).

Attaques DMA peer-to-peer et contre-mesures

Fernand Lone-Sang (et Loïc Duflot, Vincent Nicomette, Yves Deswarte)

Il s’agit d’attaques ciblant la mémoire des contrôleurs eux-mêmes et non la mémoire centrale du système. Le contrôleur utilisé pour l’attaque est un contrôleur Firewire. Les tests ont été effectués sur cinq chipsets (Lakeport, Eaglelake et Tylersburg). Noyau d’attaque Linux 64 bits recompilé pour retirer protections sur /dev/mem. dd est ensuite utilisé pour copier la mémoire des contrôleurs. L’architecture de la machine attaquante est classique.

Les chipsets Eaglelake et Lakeport ont des comportements similaires.

Une démonstration a été réalisée pour copier la mémoire de la carte graphique, qui apparaissent quasi en temps réel.

Contre-mesures possibles:

  • I/O MMU (In/Out Memory Management Unit) qui permet de l’isolation entre les régions de mémoire des contrôleurs, restreint l’accès des contrôleurs à leurs domaines respectifs. Implémenté au sein du northbridge dans les chipsets Intel. Certains chipsets AMD intègrent un I/O MMU dans le southbridge.
  • Access control services (ACS): définissent des points de contrôle sur les bus d’E/S. Apparus récemment dans des chipsets Intel x58, désactivés par défaut. Leur activation peut interférer avec certains pilotes de périphériques.

Sticky fingers & KBC Custom Shop

Alexandre Gazet, ESEC Sogeti

De très nombreuses « offres » vendant des mots de passe BIOS « maîtres » qui correspondraient à tel ordinateur. L’orateur découvre dans ses recherches le source d’un générateur de mot de passe correspondant à son ordinateur.

Ses recherches le mènent sur différents forums (mydigitallife.info, csdn.net…) et à adapter Metasm pour prendre en compte le processeur du contrôleur clavier (qui s’avère être un ARCompact).

Cela lui permet d’aller plus loin dans l’analyse du contrôleur de clavier. Il parvient notamment à forcer des mises à jour de la ROM du contrôleur clavier. Il procède ensuite à un débridage de la commande de lecteur pour un accès complet à la ROM et à la RAM du contrôleur clavier, ajouter un loggeur de commandes et une commande d’écriture en RAM.

Il ouvre la voie à l’exécution de code dans le SMM grâce à l’exploitation d’une faille dans le dialogue entre le contrôleur clavier et le handler SMI. Pour la démonstration il parvient à ajouter des fonctions à l’interface 0xB2 pour rendre accessible la SMRAM.

La fonction vulnérable est appelée à chaque démarrage par le BIOS, furtive (tout en mémoire), persistante (même en cas de réinstallation).

« Ça ne sert à rien. », conclut-il. C’est quand même intéressant de démontrer qu’on peut explorer le fonctionnement des contrôleurs les plus simples et même y découvrir des failles qui ont un impact potentiel sécuritaire sur le fonctionnement central d’un PC et envisager des compromissions en cascade.

Virtualisation d’un poste physique depuis le boot

Stéphane Duverger, EADS Innovation Works

Leçons tirées du développement d’un hyperviseur de type 1 (sans système hôte), Ramooflax. L’objectif de ce travail est d’avoir des méthodes d’observation du fonctionnement d’un OS, y compris d’interagir en direct avec les process en cours (démo de débug en direct avec IDA).

Résultat du challenge SSTIC

Axel Tillequin, EADS, présente sa solution du challenge SSTIC 2011

Attacking and Fixing PKCS#11 Security Tokens with Tookan

Graham Steel (@graham_steel)

Conférence initiale en novembre 2010.

PKCS 11 décrit une interface pour les « tokens » d’authentification (clé USB, carte à puce,…). Les clés sont stockées dans le dispositif, protégées par un PIN.

Explication et démonstration de l’utilisation de Tookan pour tester les vulnérabilités de tels dispositifs de sécurité qui autoriseraient l’accessibilité en clair à des secrets théoriquement protégés dans celui-ci.

Beaucoup de produits ont montré des vulnérabilités (voir le site de Tookan)…

Peut-on éteindre l’Internet?

Stéphane Bortzmeyer (blog, @bortzmeyer)

Méthodes citées:

  • Couper les câbles – coûteux en main-d’oeuvre, réparable, difficile à faire sur une grande échelle
  • Trouver une 0-day, par exemple dans le code d’IOS (Cisco) – mais il faudrait des vulnérabilités multiples (plusieurs équipementiers) et l’attaque impose de ne pas couper l’Internet pour qu’elle puisse se propager
  • Attaque en déni de service – il faut cibler des ressources essentielles (par exemple la racine du DNS)
  • Action autoritaire (exemple de certains pays récemment coupés de l’Internet pendant plusieurs jours)

… facile donc de perturber l’Internet, essentiellement localement et pour un temps finalement assez court.

Pour améliorer la résilience:

  • Repenser Internet? Mais on se heurtera aux mêmes types de défauts intrinsèques aux systèmes complexes.
  • Réglementer?
S. Bortzmeyer croit plus en:
  • La redondance physique (éviter les points de défaillance unique – SPOF);
  • Ecrire des logiciels sans bogues – en tous cas direction à prendre;
  • Coordination des acteurs;
  • Action politique (au sens d’éviter des politiques de censure).

Architecture DNS sécurisée

Guillaume Valadon, Yves-Alexis Perez, ANSSI

Nota: l’ANSSI recrute 🙂

Présentation de DNSSEC (voir aussi article Wikipédia, ou un article précédent de S. Bortzmeyer).

L’enregistrement NSEC (Next SECure) a pour but de signer des enregistrements qui n’existent pas, afin d’éviter des usurpations non signées. La première solution fut d’énumérer ce type d’enregistrements manuellement. NSEC 3 (RFC 5155 ou sur le blog de S. Bortzmeyer)  est une évolution dans laquelle des empreintes cryptographiques sont utilisées à la place des noms.

Rump sessions (extraits)

Billetterie du SSTIC, Nicolas Bareil & Fabrice Desclaux. Signature HMAC-SHA1 du QR Code. Billet produit en Latex/Tikz, généré en Python.

XSS, Erwan Abgrall. Projet ANR DALI. Distinction payload/vecteur. Envisage fingerprinting grâce à ces résultats sans tenir compte du navigateur.

Digital forensics XML, Christophe Grenier. Format créé par Simson Garfinkel simsong@amg.org. Utilisé par scalpel, frag_find, photorec, ewfinfo, md5deep (*deep).

Audits techniques et analyses de risque, Pôle national de compétence SSI Education nationale. Méthodologie maison.

Référentiel d’exigences applicables aux prestataires d’audit de la SSI. ANSSI.

AirScan, Raphaël Rigo. Détecteur de points d’accès Wifi sous Nintendo DS. http://syscall.eu/

Orchids IDS opensource – http://www.lsv.ens-cachan.fr/orchids/

Incident response methodology, Jean-Philippe Teissier, CertSG.

Hack de couteau suisse USB auto-destructeur. 🙂

DGA/MI recrute aussi.

Usages offensifs de XSLT, Nicolas « Nicob » Grégoire.

La légitime défense numérique – Le Cercle

Le Cercle européen de la sécurité des systèmes d’information organisait jeudi 28 avril 2011 à 18 heures une table ronde sur le thème de la légitime défense numérique.

Le débat était animé par Yann Le Bel de la SNCF, et rassemblait Guillaume Tissier de CEIS et Philippe Langlois de P1Sec.

Guillaume Tissier a d’abord résumé le contexte actuel des attaques contre les systèmes d’information, de la cybercriminalité et de la cybersécurité en général, en soulignant les risques particuliers auxquels sont confrontées aujourd’hui notamment les entreprises. Ensuite il a rappelé le cadre juridique de la légitime défense.

Sur le plan pénal, le concept de légitime défense est défini comme une exception, au travers d’une cause d’irresponsabilité. Ainsi dans l’article 122-5 du code pénal il est indiqué:

N’est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte.

N’est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l’exécution d’un crime ou d’un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu’un homicide volontaire, lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont proportionnés à la gravité de l’infraction.

Ainsi, s’agissant dans le domaine de la sécurité sur les réseaux (et en particulier Internet), c’est le plus souvent le second alinéa qui est concerné. Et le but de la légitime défense des biens ainsi défini est limité à l’accomplissement d’un acte de défense, en vue d’interrompre l’exécution du crime ou du délit contre ce bien. Je suis intervenu à la fin du débat pour rappeler que dans tous les cas imaginables aujourd’hui, la véritable légitime défense sur Internet est difficilement applicable puisqu’on pourra soit prendre des mesures pour se protéger qui ne constitueraient pas des infractions (détourner le trafic qui vous attaque par exemple) ou tout simplement déconnecter le système (comme l’a fait Sony la semaine passée), faisant ainsi cesser l’atteinte.

Dans un contexte international, la charte des Nations Unies, à son article 51, a encore rappelé Guillaume Tissier, énonce le principe suivant:

Aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un Membre des Nations Unies est l’objet d’une agression armée, jusqu’à ce que le Conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Les mesures prises par des Membres dans l’exercice de ce droit de légitime défense sont immédiatement portées à la connaissance du Conseil de sécurité et n’affectent en rien le pouvoir et le devoir qu’a le Conseil, en vertu de la présente Charte, d’agir à tout moment de la manière qu’il juge nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.

Il s’agit bien ici d’offrir la possibilité aux Etats de répondre légitimement à une agression armée. Il sera tout de même très difficile pour l’instant de qualifier d’attaque armée une atteinte numérique, sauf si elle est de nature à porter atteinte de façon grave à la sécurité des personnes et des biens ou à l’intégrité d’un territoire.

Guillaume Tissier a aussi dressé une liste des types de réponse qu’il était possible d’envisager, en soulignant qu’il n’était pas nécessaire de toujours envisager d’aller jusqu’à des actes agressifs, mais qu’il était possible par exemple d’envisager des mesures judiciaires adaptées – y compris de nature à faire complètement cesser l’activité d’un attaquant grâce à la saisie de ses matériels ou l’interruption des services qui lui permettre de commettre ses attaques, ou des mesures de collecte de preuve, pour faciliter l’identification des auteurs de ces faits.

Philippe Langlois quant à lui a cité un certain nombre de cas concrets d’acte de rétorsion numérique suite à ce qui peut être considéré comme une attaque. Le cas de la société HBGary qui s’est vu sérieusement mise en défaut dans la gestion de sa propre sécurité, après s’en être prise aux Anonymous publiquement est un de ces cas. On pourrait aussi citer le cas récent du réseau des Playstation de Sony (voir l’article le plus récent de Numérama), dont l’agression pourrait être une réponse de certains groupes d’attaquants à l’attitude de cette société face à un chercheur indépendant (George Holtz) qui a mis à mal la sécurité de sa console la plus récente (voir l’article de 01Net). Philippe a aussi souligné le risque d’une véritable escalade des réponses entre les belligérants, comme l’un des risques principaux d’une riposte numérique suite à une agression.

Philippe a aussi indiqué, que techniquement il était évidemment possible dans beaucoup de situations – et dans l’esprit de la gamme de réponses possible évoquée par Guillaume Tissier, de prendre des mesures non agressives vis à vis de l’attaquant, en temps réel, de manière à plus facilement l’identifier, grâce à la prise d’une empreinte de l’attaque ou en se connectant simplement avec l’hôte à l’origine de l’attaque si le protocole utilisé le permet.

Enfin, comme l’a rappelé Lazaro Pejsachowicz dans la salle, il n’est pas acceptable d’envisager la légitime défense sous la forme d’une vengeance, il est absolument nécessaire de rapidement impliquer les autorités judiciaires suite à une attaque pour que la collecte de preuves s’exerce dans de bonnes conditions et que l’action légale soit efficace et rapide.

L’autre sujet qui n’a pas été abordé – il me semble – dans le débat, est le recours à une réponse numérique suite à une agression physique. Cela fait partie très clairement des outils dont pourrait se doter un Etat dans le cadre de sa légitime défense au sens de la charte des Nations Unies évoquée plus haut. Et – pourquoi pas – cela pourrait constituer une hypothèse intéressante dans le cadre de la légitime défense des personnes et des biens contre une agression physique, par exemple en se dotant d’outils pour rendre inopérants les commandes d’un véhicule qui foncerait sur une foule.

Merci au Cercle pour l’organisation de cette soirée qui a continué autour d’un buffet indispensable au réseautage interpersonnel.

Du spam agressif qui se propage par Skype ?

Il y a quelques minutes j’ai reçu directement dans mon client Skype un message d’un interlocuteur qui n’est pas dans ma liste de contacts. Le message contient un texte assez classique pour inciter l’utilisateur à mettre à jour son ordinateur suite à une infection supposée:

Le message incite aussi à rajouter cet utilisateur parmi ses contacts.

Son pseudo dans mon cas: instruction.upd.6 et le lien proposé pour « réparer » mon système d’exploitation « www.updatetn.com ». Le client que j’utilise est le client Skype pour Linux qui n’est malheureusement pas particulièrement tenu à jour par la société qui le développe et qui est toujours en version « bêta ».

Ce nom de domaine a été enregistré le 26 février 2011 (aujourd’hui) par un certain Mario Lipak en République Tchèque grâce aux services de la société Enom:

Domain Name: UPDATETN.COM
Registrar: ENOM, INC.
Whois Server: whois.enom.com
Referral URL: http://www.enom.com
Name Server: DNS1.NAME-SERVICES.COM
Name Server: DNS2.NAME-SERVICES.COM
Name Server: DNS3.NAME-SERVICES.COM
Name Server: DNS4.NAME-SERVICES.COM
Name Server: DNS5.NAME-SERVICES.COM
Status: clientTransferProhibited
Updated Date: 26-feb-2011
Creation Date: 26-feb-2011
Expiration Date: 26-feb-2012

>>> Last update of whois database: Sat, 26 Feb 2011 12:58:30 UTC <<<
[…]
Registration Service Provided By: Unpicked.com
Contact: support@unpicked.com
Visit: http://www.unpicked.com

Domain name: updatetn.com

Registrant Contact:

Mario Lipak ()

Fax:
Haria 55
Referral URL:www.unpicked.com
Prague, CZ 44300
CZ

Administrative Contact:

Mario Lipak (mariolipak@gmail.com)
+420.2495614
Fax: +420.2495614
Haria 55
Referral URL:www.unpicked.com
Prague, CZ 44300
CZ

Technical Contact:

Mario Lipak (mariolipak@gmail.com)
+420.2495614
Fax: +420.2495614
Haria 55
Referral URL:www.unpicked.com
Prague, CZ 44300
CZ

Status: Locked

Name Servers:
dns1.name-services.com
dns2.name-services.com
dns3.name-services.com
dns4.name-services.com
dns5.name-services.com

Creation date: 26 Feb 2011 07:33:00
Expiration date: 26 Feb 2012 02:33:00
[…]

Mise à jour 14:00

En fonction de la façon dont on se connecte à ce site, le visiteur est redirigé vers une page PHP particulière. Celle-ci contient des informations vous faisant croire que votre ordinateur a été infecté (et qui dans ce cas est fabriquée pour ressembler à une fenêtre classique de Windows) :

et charge aussi cette boîte d’avertissement:

Enfin, si vous cliquez sur l’un des messages, vous êtes redirigé vers un site d’achat en ligne http://secureonlinestore.net/… soit un nom de domaine qui ressemble au précédent par son parcours d’enregistrement, mais qui est référencé auprès d’un client habitant en Lituanie:

Domain Name: SECUREONLINESTORE.NET
Registrar: ENOM, INC.
Whois Server: whois.enom.com
Referral URL: http://www.enom.com
Name Server: DNS1.NAME-SERVICES.COM
Name Server: DNS2.NAME-SERVICES.COM
Name Server: DNS3.NAME-SERVICES.COM
Name Server: DNS4.NAME-SERVICES.COM
Name Server: DNS5.NAME-SERVICES.COM
Status: clientTransferProhibited
Updated Date: 04-feb-2011
Creation Date: 04-feb-2011
Expiration Date: 04-feb-2012

>>> Last update of whois database: Sat, 26 Feb 2011 13:32:20 UTC <<<

[…]
Registration Service Provided By: Unpicked.com
Contact: support@unpicked.com
Visit: http://www.unpicked.com

Domain name: secureonlinestore.net

Registrant Contact:
SecureOnlineStore Inc.
Andrew Bradley ()

Fax:
53/54, Latviu st
Referral URL:www.unpicked.com
Vilnius, LI 2600
LT

Administrative Contact:
SecureOnlineStore Inc.
Andrew Bradley (abradley@asia.com)
37052725555
Fax: 37052725555
53/54, Latviu st
Referral URL:www.unpicked.com
Vilnius, LI 2600
LT

Technical Contact:
SecureOnlineStore Inc.
Andrew Bradley (abradley@asia.com)
37052725555
Fax: 37052725555
53/54, Latviu st
Referral URL:www.unpicked.com
Vilnius, LI 2600
LT

Status: Locked

Name Servers:
dns1.name-services.com
dns2.name-services.com
dns3.name-services.com
dns4.name-services.com
dns5.name-services.com

Creation date: 04 Feb 2011 10:22:00
Expiration date: 04 Feb 2012 05:22:00

Et en réalité ce site ouvre une fenêtre (IFRAME) sur un site de commerce électronique beaucoup plus recommandable connu (Swreg/Digital River), pour le produit « Computer Repair service – Virus/Spyware & Malware Removal – Instant Online Repair » et un mondant de €15.29 (ou $19.95) avec une référence d’affiliation particulière (affil5777) qui doit être la référence de celui qui a diffusé ce spam via Skype.

Il s’agit évidemment de nous vendre du vent… Peut-être la suite nous en dira plus sur quel est le commerçant un peu douteux derrière ce stratagème.

En guise de première conclusion quelques conseils

  • Méfiez-vous des inconnus qui vous contactent sur vos logiciels de messagerie instantanée
  • Ne cliquez pas sur un lien sans être certain de sa provenance et de la volonté de celui qui vous l’envoie de le partager.
  • Utilisez les fonctions de vos logiciels de messagerie instantanée permettant de bloquer ou de signaler en comme émetteur de spam un contact malveillant.
  • Ne faites jamais confiance aux sites Web qui vous signalent que votre ordinateur est contaminé par des dizaines de logiciels malveillants.
  • N’installez ou n’achetez que des logiciels de sécurité (antivirus, antispyware, etc…) pour lesquels vous avez lu des recommandations provenant de publications sérieuses.

Mise à jour 17:40

En faisant quelques recherches sur le nom de ce service ou logiciel « Computer Repair service – Virus/Spyware & Malware Removal – Instant Online Repair » on tombe sur un nombre de sites qui se ressemblent dans leur fonctionnalité, mais pas forcément dans leur mise en page ou leur contenu. A chaque fois il s’agit de vous offrir un service d’assistance en ligne pour réparer votre PC en cas d’incident, dont certains correspondent à ce prix de $19.95. Ces services sont-ils sérieux ? Certains semblent exister depuis longtemps, d’autres depuis très peu de temps.

Dans le cas qui nous préoccupe on est directement amené sur une page de paiement, sans explication sur la nature ou du service proposé. Arnaque en vue donc!