CyberGEND

Crise du COVID-19 et cybermenaces #RépondrePrésent

Pour la gendarmerie nationale, la crise sanitaire du Coronavirus est un enjeu à trois égards: répondre aux nouvelles missions rendues nécessaires par l’accompagnement des mesures sanitaires et continuer à offrir un service de sécurité au public à la hauteur de ses attentes, tout en prenant en compte les contraintes pesant sur nos propres personnels évidemment.

Evidemment, il en est de même dans le champ des cybermenaces et le réseau CyberGend répond présent!

La première étape pour nous fut d’analyser rapidement l’évolution de la menace, en observant les premières remontées du terrain et ce qui se passait dans les autres pays. D’emblée, les escroqueries liées à la thématique du Coronavirus (commercialisation de produits de santé) et les hameçonnages sur le même thème (notamment sur les dispositifs d’accompagnement ou les appels aux dons), puis les changements liés au télétravail (organisation dégradée des entreprises, collectivités et administrations, perte des réflexes, risques supplémentaires sur des réseaux plus ouverts, etc.) ont été identifiés comme premières tendances. En outre, les publics à prioritairement protéger étaient selon notre analyse: les professions médicales, la logistique et l’alimentation.

Immédiatement, la seconde étape a consisté à mettre en oeuvre une stratégie de veille ciblée sur Internet à la recherche des infractions, d’ouvrir des enquêtes et de prendre des mesures préventives (saisie de noms de domaine). Le réseau CyberGend, plus spécifiquement le C3N et sous sa coordination les antennes du C3N dans les 9 principales régions qui ont été ainsi mobilisés. L’un des enjeux est aussi de pouvoir toujours prendre en compte les victimes de cybercriminalité et de recevoir les plaintes, partout sur le territoire, y compris dans une situation sanitaire complexe. C’est en particulier le cas pour les attaques par rançongiciel qui ont touché plusieurs entreprises et associations depuis le début de la crise et sur lequel les enquêteurs NTECH et les C3N se mobilisent.

En outre, nous avons observé le développement de nombreux phénomènes de diffusion de fausses informations ou de théories complotistes. Ils sont souvent repris et corrigés par les grands médias, mais il ne faut pas s’interdire de douter face à une information surprenante et réfléchir avant de la rediffuser.

Quasiment dans le même temps, les actions de prévention ont été multipliées, au contact des secteurs les plus directement concernés. Par exemple, dès le début de la crise, les pharmacies ont été sensibilisées à des tentatives d’escroqueries les ciblant pour la fourniture en gros de produits sanitaires. Depuis, les actions de sensibilisation se multiplient sur le terrain, les gendarmes des sections opérationnelles de lutte contre les cybermenaces, les référents sûreté dans les départements, contactant progressivement l’ensemble des secteurs économiques clé et les collectivités locales, avec des messages de sensibilisation et proposant un diagnostic de la situation de sécurité numérique dans le contexte de la crise.

Cet article de Nice Matin montre l’action des enquêteurs NTECH au contact des victimes, pour prévenir, détecter et enquêter.

 

Prévention: La gendarmerie relaie aussi les messages de ces partenaires, ici le centre Européen de lutte contre la cybercriminalité d’Europol EC3, ou encore www.cybermalveillance.gouv.fr

Enfin, c’est évidemment la sécurité de nos propres systèmes d’information à laquelle nous veillons tout particulièrement.

Une coopération exceptionnelle

Beaucoup d’entre nous vivent très certainement cette période comme une occasion formidable d’échanger énormément avec ses différents contacts par des moyens électroniques. Force est de constater que dans le secteur de la sécurité numérique, les échanges sont nombreux. Je vais en citer quelques-uns.

En France, les différentes associations sont mobilisées et Signal Spam ou le CESIN dont je vous ai parlé plusieurs fois sont actifs pour échanger et réagir aux incidents qui ont pu émailler les dernières semaines et surtout s’entraider. Le groupement d’intérêt public ACYMA, gestionnaire du portail www.cybermalveillance.gouv.fr est particulièrement à l’oeuvre pour prodiguer des conseils et continuer à assister les victimes d’actes de Cybermalveillance.

Deux collectifs internationaux de la cybersécurité ont vu le jour et sont particulièrement actifs, échangeant des indicateurs de compromission (ces détails qui permettent à d’autres de détecter des attaques ou des comportements illégaux que les partenaires ont déjà documenté) et se coordonnant pour mener les actions permettant de faire cesser les activités cybercriminelles: la Cyber Threat Coalition, et la COVID CTI League. Bien entendu, comme d’autres services d’enquête spécialisés dans le monde, nous y sommes présents.

Pour en apprendre un peu plus sur les coulisses de l’action de la gendarmerie dans la dimension cyber de cette crise sanitaire, vous pouvez écouter le podcast que Nolimitsecu y a consacré cette semaine.

… #RépondrePrésent

Plus que jamais, pendant cette crise sanitaire du Coronavirus, la gendarmerie se devait de #RépondrePrésent, et je puis témoigner que tous les jours, l’ensemble des personnels du réseau CyberGend sont mobilisés pour anticiper, détecter, investiguer et accompagner nos concitoyens plus que jamais concernés par les menaces dans l’espace numérique qu’ils utilisent quotidiennement.

FIC 2020 – L’humain au cœur de la cybersécurité

L’édition 2020 du FIC, 12e du nom, était placée cette année sous le signe de l’Humain, ces hommes et ces femmes qui font la cybersécurité.

Quoi de plus vrai ?

Cette année, j’ai eu l’occasion de le vivre en plein, puisqu’en ayant pris la responsabilité de notre nouveau Pôle national de lutte contre les cybermenaces en novembre dernier, je me devais d’être pleinement impliqué dans l’organisation de notre participation au FIC. Et ce fut une fois de plus une formidable expérience humaine, avec évidemment nos spécialistes du C3N ou de l’IRCGN pour expliquer les dernières nouveautés techniques et opérationnelles, mais aussi les enquêteurs des antennes du C3N (les antennes de Lille et Bordeaux étaient représentées) pour témoigner de leur action au quotidien. C’est une vraie fierté que de travailler au contact de ces 5000 femmes et hommes du réseau CyberGEND de la gendarmerie qui œuvrent au quotidien contre la cybercriminalité. Je n’oublie pas nos collègues de la police nationale, de la justice et des autres administrations qui partagent cette lutte.

L’humain au service de la cybersécurité, ce sont aussi tous nos partenaires à l’honneur: cybermalveillance.gouv.fr et E-Enfance étaient à nos côtés cette année. L’association E-Enfance travaille en particulier au développement d’une application ludique de sensibilisation à destination des adolescents avec la Brigade de prévention de la délinquance juvénile de la gendarmerie des Yvelines, le projet PROTECT.

L’humain, ce sont les près de 400 participants de la Conférence sur la réponse aux incidents et l’investigation numérique, CoRI&IN organisée par le CECyF, qui rassemble chaque année spécialistes du privé et du public pour échanger autour des outils et des méthodes de l’enquête numérique et de la réponse à incidents.

Outre le CECyF, de nombreuses autres associations étaient présentes sur le FIC, comme l’ARCSI, l’OSSIR, le CLUSIF, le CESIN ou Signal Spam, qui me sont particulièrement chères, mais aussi d’autres venues présenter leurs projets comme ISSA France, le CEFCYS ou nos amis de MISP. Et beaucoup d’autres. Les liens entre les femmes et les hommes de la cybersécurité, par delà les frontières des entreprises et des administrations, entre les métiers. Bravo à tous ceux qui s’engagent pour faire vivre ces associations !

L’humain ce sont tous ceux qui ont permis au FIC de se réaliser encore cette année, les organisateurs à nos côtés, le comité de programme, les conférenciers et les exposants (450 stands de toute taille cette année !). J’ai eu l’honneur de participer à une table ronde passionnante sur l’accès à la preuve numérique et les discussions en cours sur le CLOUD Act américain et le règlement européen E-evidence.

L’humain c’est aussi les plus de 12.000 participants français et de nombreux autres pays proches et lointains (nous avons notamment reçu des collègues allemands, sénégalais, britanniques, canadiens, malgaches et australiens). Ce sont toutes ces rencontres et ces échanges qui font du FIC un moment exceptionnel. A très bientôt à tous pour de futures collaborations ou simples conversations et vive le FIC 2021.