L’association des fournisseurs d’accès Australiens a publié le 11 septembre un projet de code de conduite pour faciliter la lutte contre la diffusion des logiciels malveillants chez leurs abonnés.
Il s’agit ici de lutter contre toutes les formes de malveillances qui sont facilitées par les centaines de milliers de machines zombies que constituent les ordinateurs des abonnés à Internet qui ont été infectés par des chevaux de Troie. Ainsi, le client détecté comme participant à de telles activités, par exemple parce qu’il diffuse de très nombreux pourriels, serait alerté par son fournisseur d’accès et sensibilisé sur des mesures de sécurité adaptées.
Les autres mesures proposées, au-delà de l’information de l’abonné, sont la limitation de l’accès, le placement de la connexion de l’abonné dans un environnement qui lui donne des indications sur les mesures de sécurité à appliquer, la coupure temporaire de l’accès à certains ports ou protocoles de l’Internet. Il s’agirait aussi pour les fournisseurs d’accès d’informer les autorités lorsque des incidents particulièrement graves sont détectés qui pourraient nuire au fonctionnement des infrastructures d’importance vitale.
Cette proposition, qui semble présentée de façon assez volontariste par les différents partenaires publics et privés concernés est assez intéressante et semble recevoir le soutien de certains spécialistes en sécurité de l’Internet. D’ailleurs, au-delà de l’assistance aux internautes concernés et des qualités éventuellement préventives de ces mesures vis-à-vis des autres internautes, ce dispositif offrirait aux fournisseurs d’accès Australiens un moyen, reconnu par le gouvernement, de diminuer l’impact des infections de leurs clients sur leurs infrastructures, par exemple offrir un service de meilleure qualité à leurs abonnés (bande passante, accès au serveur d’envoi de courrier électronique, etc.).
L’exemple Australien pourrait-il être reproduit ailleurs et en France notamment ? Il revient évidemment aux différents partenaires d’en discuter. Les débats actuels sur la neutralité du réseau et la coupure de l’accès Internet dans le cadre de la loi dite « HADOPI » donnent un éclairage particulier à cette proposition. Ainsi, quelles précautions faudrait-il prendre pour que l’internaute ne soit pas abusivement lésé par ces mesures ? Dans quel délai l’internaute pourra-t-il obtenir le rétablissement complet de ses services ? Ne peut-on automatiser la détection du rétablissement d’une situation normale sur la connexion de l’abonné ?
Ce chantier mérite en tous cas d’être discuté, dans un univers où l’essentiel des activités illicites sur Internet sont ou peuvent être facilitées par les botnets et autres formes d’action des logiciels malveillants. Corollairement, les spécialistes se posent souvent la question de savoir s’il est légitime ou souhaitable pour une personne officielle (un service d’enquête, agissant éventuellement sous le contrôle d’un magistrat) qui aurait pris le contrôle d’un serveur de commande de botnet de commander à l’ensemble des machines victimes de désactiver le logiciel malveillant ou afficher un message d’alerte officiel sur l’écran de la victime. Ces mesures, peut-être impressionnantes, seraient très certainement efficaces, mais comment les encadrer ? Quelles mesures de communication devront les accompagner ?
En conclusion, il est grand temps d’envisager et de discuter sérieusement des solutions industrielles et de grande ampleur face au phénomène des logiciels malveillants qui a pris lui-même une dimension industrielle.