L’émission diffusée par France 2 cette semaine (mardi 6 avril 2010 en deuxième partie de soirée) est visionnable sur le site Internet de l’émission. Tout un débat s’est développé, avant et depuis la diffusion pour critiquer l’action des journalistes qui ont signalé les faits découverts au cours du reportage à des services d’enquête. Ce débat – que je me garderai bien de trancher – ne doit pas occulter le fond du problème.
Cette émission montre d’abord, s’il était nécessaire, que le phénomène des rencontres entre des prédateurs et des enfants sur Internet est loin d’être une fiction et qu’il est nécessaire de développer une réponse adaptée. J’ai développé à plusieurs reprises l’action de nos enquêteurs dans le cadre des cyberpatrouilles, rendues possible depuis un an maintenant. Et cela confirme donc qu’il faut continuer de développer ces dispositifs et former de nouveaux cyberpatrouilleurs.
C’est aussi une sensibilisation intéressante pour les parents, qui doit les inciter – non pas à leur interdire d’aller sur Internet – mais à parler de ces sujets avec leurs adolescents, maintenir le dialogue, les prévenir de ces risques, s’intéresser à leurs activités en adaptant les contraintes à l’âge de son enfant (notamment ne pas laisser les plus jeunes seuls sur Internet). Plusieurs associations diffusent des conseils utiles (Action Innocence, e-Enfance) ou le site Internet Sans Crainte.
Enfin, un sujet est particulièrement préoccupant parmi ceux qui sont dénoncés dans le reportage : le sérieux des entreprises qui gèrent des chats et autres sites dédiés aux plus jeunes. Parmi les problématiques évoquées :
- la publicité non adaptée au public, dès la page d’accueil ;
- plus grave, l’absence de modération sérieuse.
Je me contenterais de citer la recommandation pour la création d’une marque de confiance des fournisseurs d’accès à Internet et de services en ligne, à laquelle nous avions contribué sous l’égide du Forum des droits sur l’Internet (extraits de la recommandation) :
1.3 Le prestataire ne diffuse pas, dans les pages qu’il édite sauf dans les espaces réservés aux adultes, des publicités faisant la promotion de contenus violents, pornographiques ou attentatoires à la dignité humaine.
1.4 Le prestataire ne diffuse pas, sur les services et les contenus manifestement destinés aux mineurs qu’il édite, de publicités faisant la promotion de certains biens ou services inappropriés (par exemple : contenus érotiques, services de rencontres pour adultes, loteries commerciales, jeux d’argent, alcool, tabac) ou contraires à la recommandation « enfant » du BVP.
1.5 Le prestataire s’engage à ne pas diffuser, sur les pages qu’il édite sauf dans les espaces réservés aux adultes (protégés par un dispositif empêchant les mineurs de consulter ces contenus), des contenus pornographiques, violents ou attentatoires à la dignité humaine. Il s’engage, en outre, à ne pas faire figurer des liens hypertextes vers de tels contenus depuis sa page d’accueil.
[…]
1.27 Lorsqu’il crée un espace interactif spécifiquement dédié aux mineurs, le prestataire s’engage à modérer les propos échangés conformément à la charte d’utilisation prévue au 1.19, tout le temps de leur accessibilité au public. Le modérateur répond aux sollicitations ; il est spécifiquement informé des procédures à mettre en oeuvre en cas de signalement de contenus ou de comportements illicites.
Même si une telle marque de confiance n’a pas encore été créée, ses recommandations sont parfaitement adaptées à ce type de services qui, s’ils ne les respectent pas, non seulement mettent en danger des enfants, mais risquent de tomber sous le coup de la loi (notamment au regard de l’article 227-24 du code pénal).
Faites-vous votre propre opinion, et informez-vous, en regardant ce reportage et les échanges qui ont suivi sur le plateau.
La diffusion du reportage a amené de nombreux commentaires, et j’espère qu’elle aura permis de faire prendre conscience la réalité à beaucoup de personnes.
Il est vrai qu’il devient impératif d’augmenter les dispositifs de surveillance pour lutter contre la diffusion de certains contenus illicites (Pédo) via les différents vecteurs de propagation tels que le P2p, l’IRC, les Newsgroups et former de nouveaux cyber patrouilleurs pour lutter contre les prédateurs en réalisant des opérations d’infiltration.
La première prévention est déjà celle que doivent prendre les parents au regard de leurs enfants. Trop souvent, on entend dire, je ne maitrise pas l’informatique, mon fils, ma fille maitrise mieux..c’est aux pouvoirs publiques de s’en occuper…. Ils vont ainsi laisser l’ordinateur à disposition de leur enfant bien souvent sans surveillance (dans sa chambre), sans restriction d’utilisation. De plus en plus les nouveaux systèmes d’exploitations implémentent des systèmes très simples à mettre en œuvre pour les parents.
Dans la même problématique, pour certains enfants, l’usage de l’Internet (FaceBook, Skyblog, etc…) est leur seul loisir. Quand ils sont victimes de prédateurs, ils ne vont pas révéler les faits à leurs parents, ayant peur qu’on leur supprime leur outil de communication. Ces faits ne sont révélés que lors d’enquêtes suite à l’interpellation d’un prédateur et ce des mois après. Il est souvent difficile même pour des enquêteurs spécialisés d’intervenir vis à vis du mineur, et des parents.
Personnellement, quant à la dénonciation des faits par les journalistes à un service d’enquête, il convient de bien regarder avec attention les articles 226-14, 434-1 et 34-3 du Code Pénal et d’agir en conscience que je résumerais ainsi :
informer oui, protéger avant tout surtout quand il s’agit de personnes vulnérables comme les enfants.
Il ne faut pas hésiter à consulter les liens donnés dans l’article pour obtenir des conseils trés utiles.
Par rapport aux abus sexuels sur mineurs, le reportage a montré qu’il n’était pas besoin de fliquer les internautes pour débusquer des habitués du genre.