Du 27 au 30 décembre 2010, le 27ème Chaos Communication Congress se tient à Berlin. Le programme de la première journée est accessible en ligne et les sessions diffusées en direct. On peut aussi en suivre l’actualité sur twitter @27c3. Les enregistrements des conférences seront notamment référencés sur ce wiki.
L’an dernier je vous avais proposé de partager mon suivi de la conférence 26C3 en direct ou en différé, au long de quatre billets de ce blog (1, 2, 3 et 4).
Keynote, Rop Gonggrijp, We come in peace
L’ouverture était confiée cette année à Rop Gonggrijp (@rop_g, et sur Wikipédia) avec un retour sur les évènements des années précédentes, son travail notamment sur les faiblesses des systèmes de vote électronique, son point de vue sur les développements de Wikileaks et les errements des Anonymous. Enfin il a conclu sur le souhait de voir le Chaos Communication Congress continuer d’être un succès et ses organisateurs d’être à l’écoute de la communauté.
Voir son billet sur le blog du conférencier.
(MAJ 14:26 27/12/2010)
- Jérémie Zimmermann, Quadrature du Net, sur l’ACTA
- Nathan Fain & Vadik, sur les outils d’analyse JTAG (plus d’infos ici)
- Ilja van Sprundel, Hacking smartphones
- Bruce Dang & Peter Ferrie, Adventures in analyzing Stuxnet
- …
(MAJ 30/12/2010)
Lexi Pimenidis (idev), Dominik Herrmann (University of Regensburg), Contemporary profiling of Web users, ou comment les techniques d’anonymisation peuvent être contournées
Dans cette présentation, les auteurs montrent
- l’utilisation de Javascript pour obtenir des informations personnelles comme l’adresse IP réelle de connexion, malgré l’utilisation de proxies d’anonymisation;
- la collecte d’informations sur les profils des utilisateurs par les proxies d’anonymisation, les serveurs DNS alternatifs (Google, OpenDns) et les points de sortie Tor; l’idée est ici d’analyser statistiquement les sites visités et d’autres caractéristiques au cours d’une session de navigation pour l’associer à un utilisateur donné et ainsi le suivre sur plusieurs sessions, plusieurs jours…;
- la détection de bots par leur comportement ou leur signature (notamment des exemples intéressants de différences de présentation des champs d’en-tête par différents types de vrais navigateurs en comparaison à des bots qui simulent des navigateurs Web);
- un type d’attaque locale (donc sur le réseau local de l’ordinateur surveillé) sur Tor qui permet de mesurer quels sont les sites visités à partir de l’analyse du trafic, alors même que ce protocole d’anonymisation est utilisé;
Marc « van Hauser » Heuse, Recent advances in IPv6 insecurities
Présentation particulièrement intéressante et fouillée des erreurs de conception inhérentes à IPv6, qui vient compléter celle qu’il avait déjà faite voilà cinq ans (on peut la télécharger sur son site). Ce protocole qui a été conçu voilà une quinzaine d’années a tout d’abord hérité de certaines faiblesses d’IPv4 et évidemment permet de nouvelles formes d’attaques. L’auteur a développé un ensemble d’outils (THC-IPv6) qui permettent de faire différentes expérimentations sur IPv6 et notamment d’exploiter certaines de ces failles. On citera notamment des possibilités d’attaques en déni de service sur des réseaux locaux par le lancement d’annonces de routage et plusieurs façons de rediriger le trafic. Enfin, van Hauser montre de façon particulièrement pertinente que contrairement à l’idée qu’on pourrait en avoir, le nombre réel d’hôtes à scanner sur un sous-réseau est nettement inférieur à son nombre théorique (quelques milliers par rapport à 2^⁶⁴), notamment parce que dans de nombreux cas, les numéros alloués aux hôtes ne sont pas donnés au hasard (adresse MAC, type de serveur par son numéro de port typique comme 80 pour le Web, numérotations proposées dans les documentations…).
Collin Mulliner (@collinrm) & Nico Golde, Berlin Institute of Technology, SMS-o-death
L’idée de cette présentation est de regarder les vulnérabilités liées aux SMS sur les « feature phones », c’est-à-dire les téléphones mobiles les plus communs encore aujourd’hui, malgré l’essor des smartphones. Moins coûteux, ils ont quand même un grand nombre de fonctionnalités intégrées. Tous ces téléphones étant souvent basés sur une architecture commune, par économie de développement pour les fabricants, un défaut sera reproductible sur de nombreux modèles différents. Ils ont ainsi étudié des téléphones de chez Nokia, Samsung, Sony Ericsson, LG, Motorola et Micromax (populaire en Inde).
Les SMS sont un vecteur évidemment intéressant pour les attaques, puisqu’il peut être émis depuis n’importe quel endroit. L’année dernière, Collin Mulliner avait présenté des insertions de SMS pour attaquer des smartphones. Pour leurs expérimentations, ils ont utilisé OpenBSC (présenté au SSTIC par H. Welte), une implémentation libre de contrôleur de station de base GSM et les ont menées dans une cage de Faraday.
Les failles découvertes montrent qu’il est possible de faire planter tous les modèles de téléphones testés à différents degrés, avec un ou plusieurs SMS, parfois sans nécessiter que l’utilisateur ouvre le message (messages Flash). Dans certains cas le téléphone n’accusant pas réception du SMS, le réseau renvoie le message rendant le téléphone inutilisable tant que le SMS n’est pas accepté en insérant la carte SIM dans un terminal d’un autre fabricant.
Ils ont ensuite conclu sur des scénarios d’attaques massives qui pourraient utiliser ce mécanisme pour s’en prendre à un opérateur ou à une foule d’utilisateurs.
A suivre… (je mettrai à jour ce billet au fur et à mesure du visionnage des conférences ce qui pourrait prendre une bonne semaine !)