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Hébergeurs malhonnêtes : nouvelle fermeture (3FN)

3FN

J’ai déjà pu évoquer plusieurs cas de fermetures d’hébergeurs malhonnêtes aux États-Unis cette année, notamment le cas de la société McColo. Cette semaine, un nouveau cas avec la société “Pricewert LLC” (société basée à Belize) et une évolution dans le processus qui a conduit à la fermeture de cet hébergeur : l’action résolue des services en charge de la protection des consommateurs et de la régulation du commerce aux USA (la FTC ou Federal trade commission).

On apprend donc jeudi, dans un communiqué de la FTC, qu’elle a obtenu en justice la fermeture de cet hébergeur qui exerce ses activités sous plusieurs dénominations (3FN et APS Telecom). L’investigation menée par la FTC aurait permis de démontrer que cette société aurait des liens avec des groupes criminels impliqués dans la distribution de logiciels malins, la distribution de pornographie enfantine ou des centres de commande de botnets.

La notion d’hébergeur malhonnête est ici définie par la FTC aussi par le fait que la société protégeait ses hôtes en ne répondant pas aux requêtes officielles ou en utilisant des techniques d’évasion numérique, c’est à dire ici l’hébergement sous des adresses IP différentes des mêmes services illicites.

La société 3FN (3fn.net) semblait être un hébergeur à la fois reconnu et critiqué. Cette société aurait été créée en 1999, est installée depuis cette époque en Californie. Ainsi, la société Triple Fiber Network a pu récemment annoncer la signature d’un contrat avec LEVEL3, l’un des plus gros fournisseurs de connectivité Internet. Selon les chiffres les plus récents, ce sont plus de 7600 domaines qui étaient hébergés chez 3FN. Des serveurs au contenu clairement malhonnête : Portland APS Telecom hébergeait ainsi ultimatepayment.com ou truebillingservices.com – des serveurs de paiement utilisés pour différentes escroqueries au faux antivirus (on note au passage des liens avec EstDomains dont l’accréditation ICANN a été interrompue en septembre 2008), IC Audit & Consulting – une escroquerie typique à l’emploi d’intermédiaires financiers, etc. Les exemeples sont innombrables.

Ainsi, le NCMEC aurait relevé plus de 700 rapports d’hébergements de contenus pédopornographiques, le premier remontant à 2004. Enfin, le botnet Cutwail aurait été affecté par cette nouvelle fermeture.

Pour mener ces investigations, la FTC a reçu le soutien de spécialistes de la NASA (qui dispose d’enquêteurs spécialisés, comme beaucoup de grandes agences américaines), l’université de Birmingham dans l’Alabama (l’équipe de Gary Warner), le National center for missing and exploited children (NCMEC), l’association Shadowserver, la société Symantec et le projet Spamhaus.

Les contraintes validées par le juge sont d’interdire à la société Pricewert LLC de poursuivre ses activités, de contraindre ses fournisseurs de connectivité à Internet et aux centres d’hébergement de cesser tout service à son profit. Les biens de la société ont aussi été gelés, en attente d’une première audience sur le fond qui devrait se tenir le 15 juin prochain.

Il sera intéressant de comprendre si cette société a été créée en 1999 pour commettre de tels méfaits, si c’est une dérive de ses gestionnaires attirés par l’appât du gain ou une prise de contrôle ultérieure. En tous cas des liens ont bien été établis avec des personnes originaires de l’Europe la plus orientale (y compris a priori le gestionnaire de la société 3FN). Enfin, il faut souligner ici l’implication des autorités américaines dans cette démarche, ce qui avait manqué dans les affaires McColo et Atrivo.

Chute du spam suite à la coupure de l’Internet d’un hébergeur peu sécurisé

Un hébergeur de la région de San Francisco a été déconnecté de l’Internet par ses différents fournisseurs de connectivité suite à des signalements qui soulignaient son implication dans une majeure partie des pourriels circulant ces dernières semaines sur Internet.

Dans sa suite d’articles, un journaliste, auteur d’un blog (Security Fix) du Washington Post, Brian Krebs, déclare avoir collecté de nombreuses informations démontrant l’implication des machines hébergées par la société McColo Corp. de San Jose, Californie. Après quatre mois d’observations il a décidé de contacter les fournisseurs de connectivité à Internet de cette société qui semblent avoir réagi très rapidement et ont coupé très rapidement tous les liens de cette société. Il semble que la société Kaspersky, ainsi qu’un rapport publié par HostExploit.com (ici la dernière version de ce rapport) soient la source des informations qui ont mené ce journaliste à s’activer sur ce dossier.

Selon les différents chiffres cités par le journaliste, obtenus auprès de différentes sources en Europe et aux Etats-Unis, près de 60 à 70% des spams circulant actuellement ont ainsi pu être éliminés d’un seul coup. Selon SANS, le réseau de cet hébergeur servait aussi à la diffusion d’images de mineurs à caractère sexuel.

Évidemment, une telle chute du spam sera de courte durée, et les émetteurs de ces messages non sollicités se reporteront sur d’autres ressources de l’Internet qui sont vulnérables. Le même journaliste cite en effet le cas d’un autre hébergeur californien qui avait subi le même sort au mois de Septembre 2008 et il n’avait fallu que quelques jours pour que les spammeurs trouvent de nouveaux hôtes.

A la lecture des différentes études publiées, il semblerait que les réseaux les plus utilisés par les cybercriminels ne sont pas tous situés dans les pays habituellement cités, mais ils peuvent se trouver aussi bien aux Etats-Unis et très certainement au coeur de l’Europe. C’est assez logique, puisque cela permet de disposer d’une excellente connectivité avec les futures victimes…