Assises de la sécurité

Assises de la sécurité – Jour 3

Nota: de nombreux ateliers ont lieu en parallèle, il n’est pas possible d’assister à tous, ce compte-rendu de ces trois jours ne représente que ma sélection personnelle, n’hésitez pas à en lire d’autres: Le Monde informatique a déjà publié quelques articles (ainsi que sur l’intervention de l’ANSSI) et certainement d’autres articles publiés dans les jours qui viennent.

Vendredi est donc le dernier jour de ces Assises 2012 pour moi, certains ne repartant que demain matin.

Une journée marquée pour moi par encore de nouvelles rencontres et échanges. J’ai pu assister à la présentation par Renaud Lifchitz de BT France sur ses recherches, précédemment exposées aux GS Days ou à la conference Hackito Ergo Sum de Paris cette année, sur la sécurité des interfaces sans contact NFC des cartes bancaires, une démonstration de Picviz Labs (l’entreprise qui a remporté le Prix de l’innovation 2012) sur sa technologie et enfin à une conférence de clôture avec les discours du Sénateur Jean-Marie Bockel (auteur du rapport parlementaire sur la cyberdéfense) et du directeur général de Cassidian Cybersecurity, Hervé Guillou.

Le message principal de ces deux orateurs est qu’il est impératif de mobiliser les décideurs politiques et les dirigeants des entreprises sur les questions de cybersécurité, qu’elles ne doivent plus être uniquement le sujet des informaticiens. J’ajouterais pour ma part qu’il faut aussi mobiliser les citoyens, les individus qui doivent tous s’accaparer les aspects éthiques, politiques, sociaux ou encore de vie privée liés à la cybersécurité.

Rendez-vous donc l’an prochain pour une autre édition qui sera sûrement tout aussie réussie.

Autres compte-rendus:

Assises de la sécurité – Jour 2

Cette deuxième journée des Assises est traditionnellement la plus active, avec pour tous plusieurs ateliers, tables rondes et rendez-vous à honorer, plus de nombreuses discussions impromptues. Pour quelqu’un qui a mon profil il s’agit à la fois de rencontrer des entreprises qui offrent des solutions qui peuvent être utile directement pour mon métier, mais aussi qui peuvent être utiles pour les victimes auxquelles nous avons affaire ou dont elles utilisent les produits et ainsi mieux adapter notre action d’investigation judiciaire aux environnements professionnels.

Quelques moments de ma journée (et il y a énormément d’autres choses intéressantes aux mêmes moments, il ne s’agit pas pour moi de vous recommander ici telle ou telle solution présentée mais bien de partager ces quelques échanges):

  • une présentation de la société Sourcefire qui a une approche intéressante sur le traitement dynamique des attaques en profondeur (note: Sourcefire soutient et utilise deux projets opensource, Snort et Clamav);
  • Zscaler nous a offert un panorama des menaces liées aux sites Web (certaines dont je parlais dans un article récent sur les contaminations virales informatiques) – le site de la recherche chez Zscaler est ici;
  • et Cassidian sur les attaques en profondeur encore et la façon dont ils proposent de s’y préparer et de réagir.
  • l’un des stands sur lesquels j’ai fait un passage m’a convaincu qu’il existe des solutions pour lutter contre les attaques en déni de service (Corero). D’autres prestataires proposent des solutions aux mêmes objectifs (comme Arbor Networks), leurs approches sont certainement complémentaires.

En fin de journée, deux présentations et la remise du prix de l’innovation. David DeWalt (dirigeant dans plusieurs entreprises du domaine de la sécurité comme FireEye ou Mandiant) nous a présenté sa vision des enjeux technologiques et des menaces d’aujourd’hui. Je ne peux pas m’empêcher de constater que son observation de la situation rejoint beaucoup l’analyse que je propose dans le livre La cybercriminalité en mouvement (http://www.lcem.fr/), d’un environnement qui bouge très rapidement sur le plan technologique mais aussi sur le plan de ceux qui cherchent à en abuser.

Ensuite Jean-Christophe Rufin a partagé avec cette salle de spécialistes en sécurité des systèmes d’information sa vision des instabilités et des conflits dans le Monde, vision nécessairement complémentaire du regard habituel sur la “menace” telle qu’elle est perçue par les RSSI.

Enfin, le prix de l’innovation revient cette année à Picviz Labs, société créée il y a quelques années seulement par un fondu de mathématique (Philippe Saadé) et un passionné de sécurité informatique (Sébastien Tricaud). La solution qu’ils ont construit avec leur équipe permet de visualiser des masses de données importantes (des semaines entières de journaux informatiques par exemple) sur un grand nombre de dimensions (dix ou même beaucoup plus de paramètres), avec une interface graphique rapide et de naviguer rapidement dans ces données et identifier la petite bête (une version opensource de leur produit permet d’en tester les capacités).

 

La suite demain !

Assises de la sécurité 2011 – quelques notes

Les Assises de la sécurité et des systèmes d’information se tenaient cette année encore à Monaco du 05 au 08 octobre 2011. Une belle réussite grâce aux organisateurs évidemment (DG Consultants), les sponsors et exposants et les très nombreux participants.

Le programme des ateliers, tables rondes et conférences étaient particulièrement denses, aussi ne peut-on assister à toutes évidemment. Les sujets qui ont le plus été discutés: le cloud computing, IPv6, BYOD (apporte ton propre équipement, une tendance qui semblerait se développer et qui pose des problèmes de sécurité) et un fort penchant pour le mot “cybercriminalité” dans le vocabulaire utilisé par les professionnels, en lieu et place des simples “risques” et “menaces”.

Quelques présentations auxquelles j’ai assisté:

– Sogeti présentait les travaux de Guillaume Delugré, un des chercheurs de l’ESEC, sur la possibilité d’attaques dans les architectures en nuage à cause du partage de la mémoire vive sur les serveurs eux-mêmes entre plusieurs machines virtuelles (ces résultats avaient été présentés à Hack.lu 2010) ;

– Orange faisait le point sur le déploiement d’IPv6 en pratique (Christian Jacquenet) et les solutions aux problèmes de sécurité que cela pose ;

– Nicolas Brulez (@nicolasbrulez) de Kaspersky a fait une présentation sur l’état de l’art des malwares bancaires ;

– Stonesoft propose à la communauté de partager sur les “Advanced evasion techniques” qui permettent à des attaques déjà connues et souvent détectées par les solutions de sécurité actuelles d’être camouflées ; ils ont décrit ces techniques dans une annonce faite par le CERT-FI et proposent une plateforme d’information sur ce sujet.

– Une table ronde était consacrée à la classification de l’information au sein de l’entreprise. Il s’agit avant tout de mettre en place des mesures adaptées à chaque classe d’information à protéger en prenant aussi bien en compte les impératifs légaux (données à caractère personnel, données médicales, etc.) que la nécessité de protéger le patrimoine informationnel de l’entreprise. Les témoins présents ont fait état d’un processus souvent difficile – en tous cas nécessitant une perpétuelle mise à jour, aboutissant en général à 4 ou 5 niveaux de protection. Ce travail devra nécessairement prendre en compte les évolutions récentes de la législation (notification obligatoire des incidents de sécurité concernant des traitements de données à caractère personnel) ou futures (comme le texte qui serait proposé prochainement sur la protection du secret des affaires).

Enfin, Myriam Quémener et moi-même présentions une table ronde sur les perquisitions en entreprise, avec le soutien du Clusif. Un document sera bientôt publié sur le site du Clusif pour résumer les principaux points de nos présentations.

Pour la clôture des Assises, Patrick Pailloux a présenté le nouveau logo de l’ANSSI dont il assure la direction et lancé un message fort vers la communauté de la sécurité informationnelle.

Les dix ans des Assises de la sécurité et des systèmes d’information

Les Assises de la sécurité et des systèmes d’information tenaient leur dixième édition à Monaco du 06 au 09 octobre 2010. Cet événement rassemble des RSSI de toute la France, des fournisseurs de solutions de sécurité et plus généralement la communauté de la sécurité des systèmes d’information.

Organisées assez classiquement autour d’un salon, où les exposants présentent leurs solutions, les assises sont rythmées par des séances plénières avec quelques invités prestigieux et des ateliers qui abordent les problématiques de la sécurité sous différents angles parfois très concrets ou plus simplement pour présenter des prestations ou des produits. Je dois avouer que j’étais évidemment plus intéressé par les présentations plus concrètes, mais la communauté des RSSI a aussi et sûrement besoin de mieux connaître et discuter les offres existant sur le marché.

Les séances plénières auxquelles j’ai pu assister :

  • Enrique Salem, CEO de Symantec, nous a présenté sa vision des usages numériques d’aujourd’hui et demain et de leurs conséquences sur la sécurité ;
  • Eugène Kaspersky (qui a laissé tomber la barbe!), fondateur et président de Kaspersky Lab, nous a livré sa vision de la cybercriminalité aujourd’hui et de la réponse qu’il recommande: une police mondiale de l’Internet et l’identification sécurisée de toutes les personnes qui publient de l’information ou achètent sur Internet. J’en reparlerai sûrement.
  • “Dix ans de risque informatique… un regard vers le futur immédiat”. Cette table ronde réunissait Alex Türk, sénateur du Nord et président de la CNIL, Michel Riguidel, chercheur à l’ENST et Hervé Schauer, président et fondateur de HSc. Une petite heure de réflexions passionnantes sur les défis des dix prochaines années en sécurité numérique. Ce que j’en retire principalement est qu’on n’est pas au bout de surprises, avec un Internet qui dans cinq ans ou dix ans ne ressemblera plus à celui que nous connaissons aujourd’hui; l’individu et sa protection et la protection des Etats seront vraisemblablement les sujets majeurs de la sécurité numérique des prochaines années, tout autant que la protection des intérêts économiques des entreprises.
  • Et en clôture la simulation du procès pénal des réseaux sociaux. Il s’agissait ici de réfléchir avec l’auditoire sur les risques d’un usage mal informé des réseaux sociaux, des abus de certaines de ces plateformes et de l’exploitation qui peut en être faite par les criminels. Beaucoup de rires dans cette simulation du procès du mystérieux “Raizosocio”, mais aussi tous les instruments d’une réflexion à poursuivre, merci à tous les “acteurs” !

Parmi les présentations auxquelles j’ai assisté, je citerais :

  • Un atelier organisé par Fortinet pour présenter les enjeux de la SSI dans des groupes à dimension mondiale et comparer les points de vue d’Areva et d’Alstom. Peu de surprises, mais une bonne synthèse des enjeux.
  • Les faux antivirus étaient illustrés par Nicolas Brulez (@nicolasbrulez) de Kaspersky Labs : une présentation vivante et très complète. A noter au passage la confirmation dans ses travaux qu’il y a parfois automatisation des processus d’empoisonnement des moteurs de recherche (j’en parlais en début d’année ici).
  • Une démonstration d’ingénierie sociale facilitée par les réseaux sociaux, faite par Arnauld Mascret de Sogeti ESEC R&D.

Enfin, le prix de l’innovation a été créé en 2006 et récompensait pour sa cinquième édition une jeune entreprise que nous connaissons bien: Arxsys. Créée par 4 anciens élèves de l’Epitech, Arxsys a pour ambition de développer une offre autour de l’investigation numérique, grâce au développement d’une plateforme opensource dédiée à cette mission, le Digital forensics framework et de services adaptés aux différents utilisateurs (forces de police et entreprises notamment lors des réponses à incident). Leur plateforme est désormais bien aboutie, et j’invite toute la communauté de l’investigation numérique à la tester rapidement, et à contribuer aux développements opensource. J’espère que cette initiative fera naître d’autres projets innovants français (et pourquoi pas opensource) au service de l’investigation numérique. Bravo à eux pour ce Prix !

Les rencontres dans les allées des Assises, lors des événements sociaux, dans les ateliers ont permis certainement à tous de nombreux échanges. En tous cas, j’ai personnellement pu avoir de longues heures de discussions passionnantes cette semaine et quelques nouvelles idées dans ma besace. Merci aux organisateurs !